Je devrais être content, je suis certifié. Je suis même multi-certifié : Coach orienté solution (accompagnement de cadres et dirigeants pour faire encore plus snob) ; Coach de DBA (pour aider ceux qui se lancent dans l’aventure) ; Chercheur en Sciences pour l’innovation (parce qu’on me demande de réfléchir de temps à autre) ; j’ai aussi un CAP de projectionniste (de cinéma, si, si).

Dernier en date, que j’ai demandé au même titre que les autres : Certificat de Consultant Européen en Recrutement (CERC). Alors je devrais être content. Et pourtant.

Pourtant mon certificat porte le numéro 00021. Je ne suis que le vingt-et-unième en France à avoir ce certificat, qui atteste « de capacités [me] permettant de conduire une mission de recrutement de manière optimale, selon des critères de compétence, d’éthique et d’indépendance définis par l’European Confederation of Search and Selection Associations » (voir ici). L’obtention de ce certificat passe par l’adhésion du cabinet au syndicat représentant la profession : Syntec Conseil en Recrutement. Elle est aussi conditionnée à des témoignages de clients et de candidats, ainsi qu’à quelques autres critères sur lesquels il est inutile de s’attarder ici. J’ai voulu avoir ce certificat, car je considère que la reconnaissance de la profession vient combler des manques :

Numéro 00021. Il y aurait entre 1200 et 1500 cabinets en France et je n’ai que le numéro 00021. Où sont les autres ? Car avec le nombre de 0 devant le 21, il y a de la place. Cette profession est non réglementée, c’est bien là son grand tort. N’importe qui a le droit de se prétendre Consultant en recrutement et proposer n’importe quoi. Que des entreprises choisissent d’y investir de leur argent, pourquoi pas ? Si elles en ont à perdre (en ont-elles tant que cela à perdre ?). Mais que de dégâts auprès des candidats. Et que de dégâts auprès de la profession qui pâtit de pratiques souvent illégales (non respect des lois de 1992 et 2001, utilisation de tests sans valeurs ou bien par des consultants non habilités, d’outils exotiques…), sans parler de la façon d’accueillir les candidats (en 2012 certains pensent encore qu’il faut mettre ces derniers mal à l’aise pour prendre l’ascendant). Tout ceci ne peut que nuire à l’image des cabinets dans leur ensemble.

Deux solutions s’offrent à nous : (1) attendre que cette profession soit enfin réglementée et militer pour qu’elle le soit, ce que nous faisons à Syntec bien évidemment. Pour autant s’il faut le faire je ne suis pas persuadé que cela fasse partie des objectifs du législateur, quel que soit son bord, il y a d’autres urgences ; nous risquons d’attendre encore un peu et cela se comprend. Donc si certains gesticulent, laissons-les s’agiter.(2) Puisque nous sommes dans une économie libérale, faire confiance au marché. Les entreprises doivent pouvoir choisir librement, comme elles le font ajourd’hui. Cela veut dire alors qu’il nous faut mieux informer, alerter. Ce que je veux faire ici, encore une fois. Dans ma soutenance de thèse j’ai utilisé ce dessin :


Ah les dessins de Matthieu, souvenir de classe préparatoire (soupir…) ! Cette caricature résume parfaitement mon propos.

Il est intéressant de voir avec quel soin les entreprises demandent aux candidats leurs diplômes, certificats de travail, bulletins de salaire (ce qui est illégal pourtant)… et avec quelle légèreté elles choisissent leur consultant. Pas un mot sur leur formation à l’entretien, leurs habilitations à faire passer des tests. Des références clients ? Qui les vérifie vraiment ? Au sein de la profession certains regrettent la part que prennent les services Achats des grandes entreprises dans le choix des cabinets. Je me demande s’il ne faut pas l’appeler de nos vœux plutôt. Évidemment nous tombons tous sur des acheteurs qui n’ont qu’une idée en tête : – 10%, mais finalement n’est-ce pas un prix à payer pour expurger la profession ?

L’appartenance à Syntec n’est pas en soi une garantie absolue, c’est un premier pas, une marque de l’effort que fait le cabinet pour aller dans le bon sens, une charte qu’il s’est engagé à respecter (voir ici). Le CERC n’est pas plus une garantie absolue. Nous devons, de mon point de vue, aller beaucoup plus loin. Cela ne servira à rien toutefois si nous ne sommes pas capables de faire comprendre aux entreprises l’intérêt pour elles de se prémunir des mauvaises surprises en allant vers des consultants formés au métier et qui sont en mesure de le prouver. Sinon cela signifie aussi pour les DRH d’accepter que quiconque peut faire des Ressources Humaines, puisqu’il suffit de « bien sentir les gens, d’être empathique » et toutes ces sortes d’inepties que l’on entend à longueur de journée. Il leur appartient aussi de crédibiliser leur fonction en interne.

Au sein de connect RH nous avons pris un engagement : consacrer 5% de la masse salariale brute à la formation, ce n’est pas anodin. Cela nous semble pourtant indispensable pour apporter une amélioration constante à la qualité des prestations que nous délivrons.

Marc Low

Ajouter un commentaire